Haut fonctionnaire, chef d’entreprise, homme politique, Christian Blanc, 75 ans, présente un profil atypique en raison de la diversité et de la richesse de son parcours professionnel.
C’est principalement au titre de son mandat de Secrétaire d’Etat au Grand Paris (2008-2010) sous la présidence de Nicolas Sarkozy et de la publication il y a deux ans de son ouvrage «Paris ville-monde » (Odile Jacob) qu’il intervenait devant les membres du Club Delville, sous les yeux de son ami, André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux.
«Lorsqu’une ville exerce un rayonnement à l’échelle mondiale dans les domaines économique, culturel et politique, lorsque dans un contexte de mondialisation, elle attire à elle les hommes, la recherche, les capitaux, les biens, les échanges de toutes sortes, on l’appelle une ville-monde », expliquait d’emblée l’ancien président d’Air France et de la RATP. C’est le cas de Paris avec ses 11 millions d’habitants, dont 2 millions intra-muros, et ses 6 millions d’emplois. Pour illustrer l’importance du poids de l’agglomération parisienne, Christian Blanc rappelait, qu’en termes d’habitants, le Grand Paris correspondait à la somme des 13 plus grandes métropoles françaises.
«Des grandes villes franciliennes comme Montreuil, Issy les Moulineaux ou Boulogne possèdent plus d’habitants que des grandes agglomérations régionales comme Poitiers ou Perpignan ». De manière logique, Paris représente un poids économique majeur en France avec 30% du PIB national et une productivité 30 fois supérieur au reste du pays en raison notamment de la grande qualification de ses profils et du dynamisme de son marché du travail. «Paris est un moteur puissant pour l’économie française » souligne Christian Blanc.
« Le Paris d’aujourd’hui, qui fait partie des 4 villes-mondes avec New York, Londres et Tokyo, n’est pas un dû. C’est un legs, celui de la ville lumière ». Selon Christian Blanc, le rayonnement du Paris actuel est le fruit des réalisations de trois grands hommes qui ont transformé la capitale : le baron Haussmann, Fulgence Bienvenüe, le père du métro parisien et Paul Delouvrier qui fût l’un des principaux artisans de la planification qui remodela la France pendant les «Trente Glorieuses ». «Ces trois hommes ont su traduire les visions d’hommes politiques puissants » admirait Christian Blanc qui revendique de s’inscrire dans cette lignée.
« C’est en s’inspirant du retard de Paris sur la modernité londonienne qu’Haussmann conçu Paris pour dépasser Londres. C’est grâce au retard du métro de Paris sur celui de Londres que Bienvenüe put bénéficier de l’électricité pour construire le meilleur métro du monde. Dans ces deux cas, la condition du succès fût simple : aller vite. Ils possédaient une vision, une stratégie et s’investirent avec passion dans l’action», rappelle Christian Blanc qui sait gré à Nicolas Sarkozy de lui avoir donné les moyens d’agir pour concevoir le projet du « Grand Paris ». «A l’époque, gauche et droite étaient contre ou indifférents à ce projet », rappelle-t-il.
Christian Blanc souligne que ce projet du Grand Paris est venu rattraper un retard vis-à-vis de Londres qui avait su, dans les années 80 devenir une ville éminemment attractive grâce au développement de la City, devenue la première place financière mondiale. «A la fin des années 90, le PIB britannique par tête était de 10% supérieur au nôtre. Le monde était en train de changer à toute vitesse alors que la France adoptait les 35 heures et faisait de la fonction publique la variable d’ajustement au chômage. Il y a 15 ans, la France était encore rétive à l’innovation et peinait à développer les Clusters qui ont fait le succès mondial de la Silicon Valley ».
Selon Christian Blanc, Paris possède pourtant de sérieux atouts pour maintenir son statut de ville-monde (créativité, matière grise, mode de vie) et dispose de multiples pôles d’excellence dans la recherche scientifique et technologique (Saclay, Massy, Orsay, Le Kremlin-Bicêtre,..) dans l’économie des échanges (Roissy, Villepinte…) ou dans la création et la culture (Plaine Saint-Denis, Aubervilliers…). « La perspective de décrocher les jeux de 2024 représente un formidable booster pour ce Grand Paris moderne, inséré dans le grand échiquier du monde actuel qui est capable, articulé sur l’archipel des métropoles françaises, de redevenir un acteur économique majeur dans le peloton de tête des villes-monde».