La période du COVID-19 a entraîné une réduction drastique des défaillances d’entreprises. Cela est dû notamment aux différentes mesures de soutien à l’économie et aux entreprises mises en œuvre par l’Etat. Une des plus marquantes de la période est les prêts garantis par l’État (PGE).
Avant la pandémie, il y avait environ 50 000 défaillances par an.
En 2021, ce chiffre est tombé à 28 000.
Cependant, avec la fin des mesures de soutien, les défaillances ont augmenté en 2022 et 2023, et cette tendance se poursuit en 2024.
Les éléments conjoncturels incluent l’inflation, la hausse des coûts de l’énergie, l’augmentation des taux d’intérêt, les difficultés d’approvisionnement et la hausse des coûts des matières premières.
Les éléments structurels sont liés à des changements de modèles économiques qui se sont accélérés ces dernières années. Parmi ces changements, le fait que les consommateurs préfèrent de plus en plus les achats en ligne, la seconde main, et sont plus sensibles à l’origine des produits et aux conditions de fabrication.
Ces changements de comportement frappent certains secteurs d’activité, tels que, par exemple, la distribution et le prêt à porter.
Mon rôle commence par un diagnostic financier. Celui-ci inclut généralement un test de liquidité pour évaluer la capacité de l’entreprise à faire face à ses obligations financières à court terme. Cela permet de déterminer quelle est la procédure la plus adaptée pour résoudre la crise de trésorerie à court terme et assurer la préservation de l’entreprise.
Ensuite, j’aide à coordonner les travaux entre différents acteurs : experts comptables, actionnaires, banques, fiduciaires et fonds de retournement. Le but est de mettre en œuvre tous les moyens visant à mettre fin aux difficultés financières et assurer la pérennité de l’entreprise.
Un aspect essentiel est la négociation avec les créanciers. Cette négociation vise à obtenir des délais de paiement et des réaménagements de dettes pour soulager la pression financière immédiate.
Enfin, je travaille sur l’optimisation des coûts et la recherche de solutions de financement additionnelles.
La restructuration des entreprises en difficulté comprend la gestion stricte de la trésorerie et la réorganisation des processus de production. Cela vise à réduire les inefficacités et à analyser les coûts pour identifier les produits non rentables.
Dans une entreprise de métallurgie, nous avons renégocié les conditions d’approvisionnement des matières premières et les hausses de prix avec les clients.
Nous avons également recouru au chômage partiel et mobilisé les aides de l’État pour restaurer la marge.
Ensuite, nous avons favorisé une opération de renforcement des fonds propres par un adossement à un fonds d’investissement.
Un des outils essentiels est la procédure de conciliation. Celle-ci permet très souvent de trouver de façon confidentielle des solutions amiables de rééchelonnement avec les créanciers. Ainsi, elle évite d’entrer dans des procédures plus formelles et publiques comme la sauvegarde ou le redressement judiciaire.
Les « pré-packs plans » ou sauvegarde accélérée, qui préparent en amont des plans d’apurement de dettes avant même que la procédure judiciaire ne soit officiellement ouverte sont également très efficaces.
Les « pré-packs cession » d’entreprise le sont également pour préserver l’entreprise ou à minima une activité économique.
La procédure de sauvegarde est destinée aux entreprises qui ne sont pas encore en cessation de paiement mais qui anticipent des difficultés. Elle permet de geler les dettes et de favoriser la présentation par le chef d’entreprise d’un plan d’apurement des dettes sous la supervision d’un administrateur judiciaire et du tribunal.
En revanche, le redressement judiciaire est déclenché lorsque l’entreprise est déjà en cessation de paiement. Dans ce cas, un administrateur judiciaire est nommé pour assister le dirigeant de l’entreprise et essayer de la redresser ou à défaut de la vendre dans le cadre d’un plan de cession d’entreprise.
Les secteurs les plus touchés sont la construction et la promotion immobilière, le commerce de détail, l’hébergement et la restauration.
Ces secteurs regroupent principalement de petites et moyennes entreprises locales.
Géographiquement, l’Île-de-France est la région la plus impactée, suivie par Auvergne-Rhône-Alpes et PACA.
Bien sûr. Par exemple, dans une grande entreprise de métallurgie en sous-performance, nous avons aidé à renégocier ses conditions d’approvisionnement de matières premières et à obtenir une hausse des prix avec ses clients. Nous avons également utilisé le chômage partiel et mobilisé les aides de l’État pour accompagner son retournement. Grâce à ces mesures, l’entreprise a pu restaurer sa marge, se redresser et préserver sa valeur pour ses actionnaires.
Les actionnaires étrangers majoritaires étaient satisfaits, même si l’entreprise doit encore faire face à des défis environnementaux comme la dépollution des sols et la modernisation de son outil de production. Nous avons également trouvé un fonds d’investissement allemand pour financer ces défis et améliorations, ce qui a permis d’assurer l’avenir de l’entreprise.
La charge de travail reste dense pour les spécialistes en traitement des difficultés des entreprises. Les prévisions indiquent une augmentation continue des défaillances, mais peut-être à un rythme moins rapide qu’en 2022 et 2023.
Les défis à venir incluent la maîtrise de l’inflation, la baisse des taux d’intérêt, et l’impact des crises politiques. À terme, l’influence de l’intelligence artificielle sur les modèles économiques devra également être prise en compte.
Malgré ces défis, il faut souligner que le nombre de créations d’entreprises reste élevé. Cela rappelle que si certaines entreprises sont défaillantes, d’autres se créent en nombre, ce qui fait partie du cycle normal de la vie économique et des entreprises.
L’impact de l’intelligence artificielle (IA) et du télétravail sur les modèles économiques est encore en cours d’évaluation. L’IA pourrait transformer les modèles économiques, créant à la fois des opportunités et des défis.
Le télétravail, bien que largement adopté, nécessite encore une évaluation précise de son impact sur la productivité et les marges des entreprises.
La clé du succès, on ne le dira jamais assez, réside dans la prévention et l’anticipation. Il est essentiel de disposer de tableaux de bord permettant de réaliser des diagnostics réguliers et de maintenir des relations solides avec ses créanciers. Il faut également rester flexible face aux changements du marché.
Avec une approche proactive et bien coordonnée, il est possible de surmonter les crises et de redresser les entreprises en difficulté.