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Petit déjeuner du Club Delville avec Thierry Morin

Posté par : admin
Catégorie : News du Club

Le 21 juin dernier, le Club Delville s’est à nouveau réuni autour d’un petit déjeuner. Thierry Morin, PDG de Valeo de 2001 à 2009, est revenu sur son expérience à la tête de l’équipementier automobile et son rôle de PDG.

Compte-rendu du petit déjeuner du Club Delville du 21 juin 2012, Normandy Hotel

Thierry Morin prit ses fonctions de PDG de Valeo en 2001 alors que l’entreprise se trouvait en pleine « indigestion de croissance externe », après 10 années de rachats d’entités. Aucune société n’avait été intégrée, alors que cela aurait dû être fait à marche forcée. Doucement mais sûrement, la société voyait s’éloigner ses clients, dans un secteur d’activité qui n’en compte qu’une dizaine et exigeant « une qualité militaire au prix de la grande distribution ».

« Position virile mais correct »

Pour inverser cette spirale négative, Thierry Morin s’est donc donné comme credo d’instaurer l’excellence opérationnelle chez Valeo. Cette stratégie passait par 3 axes : réduire les coûts, améliorer la qualité et adapter l’empreinte industrielle du groupe. La disposition géographique des usines était historique mais se révélait en fait éloignée des clients. Sur 170 usines, Thierry Morin estimait qu’entre 50 et 70 étaient de trop. À sa sortie en mars 2009, il y en aura alors 122. Il rassembla également sa force d’achats et divisa le nombre de fournisseurs par trois. Une situation douloureuse pour le secteur, mais que Valeo accompagnait en les aidant à baisser leurs coûts de production, en échange d’un gain de volume et d’un paiement rigoureux. En effet, « un fournisseur en perte est le pire fournisseur du monde ». Enfin, Valeo est passé en 8 ans d’un niveau de qualité catastrophique de 1000 PPM à 6 PPM, soit le meilleur taux du marché de l’époque. Mais pour réaliser cela, Thierry Morin devait correspondre, dans la personne et l’attitude, aux ambitions déclarées.

En effet, il se devait d’impliquer ses équipes dans le redressement et la marche en avant de Valeo, afin de résoudre ce qui représentait la principale épine du pied de l’entreprise. Il fut alors un directeur dur, se faisant le relai de communication des clients. Par la suite, aucune réunion n’était ouverte sans demander le niveau de qualité de la branche concernée. Le Président de TM Consulting adopta aussi cette position « virile mais correcte » devant les syndicats et les fermetures d’usine (90% des employés furent reclassés chez Valeo ou dans le bassin d’emploi).

Un bon PDG est fonction de vos attentes

Tout au long de son intervention, Thierry Morin montre qu’il a cherché à adapter l’entreprise aux besoins du marché. De la même manière, un PDG sera adapté à une entreprise s’il répond correctement aux attentes placées en lui. Exerçant un métier de transition à part entière, le PDG s’appuie sur des systèmes et des hommes. Bien qu’il ne concède pas trouver de socle commun aux bons PDG, ni dans leur personnalité ni dans leur attitude, il affirme cependant qu’un PDG doit a minima posséder une vision et savoir transmettre sa volonté. Le bon PDG dépend ensuite des actions qu’il est capable de mettre en œuvre selon le contexte dans lequel il est baigné.

« La vitesse est notre alliée, le temps notre ennemi »

Pour l’actuel Président de l’INPI, une restructuration telle qu’a vécue Valeo s’avérait donc nécessaire pour adapter l’organisation au marché. Et sa vision fut son moteur du redressement. Il avoua finalement qu’il rêvait à l’époque de faire comme Intel. En effet, tous les appareils informatiques possédaient la mention « Intel Inside ». Il créa de la même manière « Valeo added », témoignant au consommateur final – et signifiant a fortiori au constructeur – la valeur ajoutée que fournit l’équipementier. C’est le symbole ultime d’une relation dominée par le fournisseur et non plus par le client. Sauf que « décréter l’innovation ne veut pas dire faire de l’innovation ». Quelques années d’inquiétude ont donc habité Thierry Morin sur la performance de sa R&D. Pour finir son intervention, le dernier conseil qu’il prodigua aux managers de ce petit déjeuner du Club Delville fut un clin d’œil à son départ et à la structure de la gouvernance des entreprises françaises: « Dirigez avec des personnes que vous connaissez bien ! »

Après « 8 années d’obsessions journalières » mais fier que la promotion d’une voiture soit maintenant souvent basée sur des innovations «Valeo added», telles que la détection dans l’angle mort, Park 4 U ou Stop-start, l’assise de PDG de Thierry Morin s’esquisse alors : celui d’avoir été un dur rêveur.