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Pour redresser une entreprise, il faut faire appel à une task force de confiance

Posté par : Celine Elgoyhen
Catégorie : Actualités

[green]Redresser une entreprise : Christian Camus, financier, entrepreneur, redresseur d’entreprise, et aujourd’hui entrepreneur dans l’immobilier, nous raconte comment il a restructuré et redressé un pure player du courtage.[/green]

Vous êtes membre du Club Delville. En quoi consiste votre expertise? Quel est votre domaine d’activité ?

Pendant quasiment toute ma carrière bancaire, notamment au sein du groupe Caisse d’Epargne, j’ai exercé des responsabilités dans le domaine financier, en général, et plus particulièrement dans les financements structurés. Je dirige aujourd’hui une entreprise spécialisée dans la recherche de crédit et les montages financiers à destination des professionnels de l’immobilier.

En 2008, la direction du groupe Caisse d’Epargne vous demande de prendre la direction générale de Meilleurtaux.com, un site internet de courtage de crédit appartenant au groupe. Dans quelles conditions avez-vous accepté ce challenge ?

Le fondateur historique venait de quitter la structure, ce qui est assez fréquent dans ce type de configurations. Lorsque vous avez créé une entreprise, porté un projet et que vous redevenez un simple collaborateur, la situation n’est pas toujours simple à vivre pour l’intéressé. A l’époque, j’étais le patron du retail international dans le groupe Caisse d’Epargne, c’est-à-dire que j’animais une structure qui pilotait, rachetait ou créait des entités bancaires à l’étranger. Les dirigeants du groupe ont considéré à l’époque que mes compétences de développeur (analyse du marché, élaboration et déclinaison d’une stratégie) étaient pertinentes avec une mission de restructuration chez Meilleurtaux.com. Sur le plan de l’exercice intellectuel, créer ou reprendre une banque se rapproche, peu ou prou, d’un processus de réorganisation complète d’une entreprise.

Quel était le contexte de marché dans lequel évoluait ce courtier pure Player lorsque vous en prenez les commandes fin 2008 ?

Grâce au talent et au charisme de son fondateur, le site, acheté par le groupe Caisse d’Epargne en 2007, jouissait d’une forte notoriété sur le marché. Le courtage des crédits en ligne explosait littéralement (20% de l’ensemble des crédits). Mais avec la crise financière de 2008, le nombre de transactions immobilières a chuté de 900 000 à 500 000 cette même année. J’avais donc pour mission d’adapter la structure à cette nouvelle donne dans un contexte, pour le moins, dépressif.

Quelles sont les premières mesures que vous avez adoptées dès votre arrivée ?

Pendant 4 mois j’ai cumulé ma nouvelle activité avec ma fonction précédente. J’ai commencé par apprendre les spécificités du courtage puis, après un audit rigoureux, j’ai modifié le mode de fonctionnement de la structure qui vivait, jusqu’à présent, sur un modèle start up, c’est-à-dire qu’elle était insuffisamment structurée, normée. J’ai recruté de nouvelles compétences, amélioré la logistique, réexaminé les contrats avec les clients.

Pourquoi avez-vous fait appel à de nouvelles compétences ?

Pour affronter la violence de la crise, j’avais besoin de collaborateurs mieux formés, davantage experts, notamment dans le conseil auprès des clients. J’ai du réduire les effectifs de manière conséquente (50% des collaborateurs sont partis) à travers un plan social. J’ai envoyé en formation le personnel qui restait. Par ailleurs, j’ai revu de fond en comble le système informatique et refondu le site internet. Au total je suis resté presque 3 ans, au sein de la structure, en réussissant à la redresser. Meilleurtaux.com, depuis, a été revendu par le groupe Caisse d’Epargne, car ce site ne rentrait plus dans la stratégie du groupe.

Pour parvenir à vos fins chez Meilleurtaux.com, avez-vous fait appel à des managers de transition ?

Non, mais j’ai fait venir des managers de confiance, que je connaissais bien, une sorte de «task force » pour m’épauler. Je ne pouvais pas débarquer, seul, dans une structure dans laquelle je ne connaissais personne et dont je ne maîtrisais pas, au début, les fondamentaux et la culture d’entreprise. J’avais besoin de mon noyau dur, opérationnel, motivé, ayant fait ses preuves, pour agréger des compétences.