Alain Viot, professionnel du secteur du luxe et membre du Club Delville, organe de rassemblement des managers de transition du cabinet de management de transition Delville Management, est aujourd’hui à la tête de sa propre société. Il a décidé de nous parler du management de transition dans le secteur du luxe.
J’ai 25 ans de carrière dans le secteur du luxe, dont 17 ans chez Cartier, à différentes fonctions de direction. À l’origine j’étais dans le marketing, responsable du développement et du lancement des produits sur le marché. Je suis ensuite passé à la direction de filiales : l’Espagne puis les États-Unis. J’ai ensuite quitté le groupe Richemont, pour prendre la direction de marques globales dans un environnement d’entreprise de taille moyenne et familiale. Ma première expérience fut une marque de porcelaine de luxe LLADRO. Cette marque n’est pas forcément connue en France mais elle est implantée dans le monde entier, dans les marchés anglo-saxons, en particulier aux Etats-Unis et en Asie, avec un vrai savoir-faire dans la porcelaine décorative. Le cœur de métier était la figurine en porcelaine, travail artisanal de qualité exceptionnelle. Ce sont des produits hauts-de-gamme à forte valeur ajoutée. Je suis ensuite revenu à Paris où j’ai pris la présidence de Weston.
J’ai réussi à vendre de la porcelaine espagnole à des Chinois, qui l’ont inventée 800 ans avant les Européens.
Dans mes fonctions et à travers mes projets, j’ai toujours eu la volonté de construire l’avenir. Pour ce faire, il est important de gérer le temps, d’avoir une capacité de vision à long terme, mise en œuvre à court terme.
La construction de l’avenir est valable dans des périodes de développement, comme en Espagne où on a multiplié par 3 le chiffre d’affaires avec la construction des équipes pour assurer le développement des ventes. Mais c’est aussi valable lors des périodes de crises – j’ai vécu en direct le 11 septembre à NYC- humaine et d’entreprise. C’est à ce moment là qu’il faut reparler d’avenir, le redéfinir et remobiliser les équipes dessus. Pas uniquement sur la gestion de la crise. En effet, construire l’avenir dans le luxe, c’est aussi mettre en œuvre des projets de façon durable.
Quand j’ai développé une montre chez Cartier, on souhaitait soigner tous les détails : le projet a mis 3 ans à se réaliser. Mais c’est devenu le best-seller de Cartier pendant des années.
Cette idée de construire l’avenir avec des équipes m’a toujours passionné, soit dans des moments favorables ou lors d’exercices de crise. Je citerai Saint-Exupéry : « Quand tu veux construire un bateau, ne commence pas par rassembler du bois, couper des planches et distribuer du travail mais réveille au sein des hommes le désir de la mer, grande et belle. »
Après avoir quitté Weston en 2009, j’ai crée ma propre société avec plusieurs activités : une activité de consultant, une activité de formation sur l’international dans le marché du luxe, le projet de reprises d’entreprises dans le secteur du luxe, et des missions de management en cas de besoin.